Quand un Grison transforme une cabane en hôtel de charme

Depuis début 2019, le Berghuus Radons est aux mains de Fadri Arpagaus. Le chef chevronné a donné une seconde vie à ce vieux bâtiment, aujourd’hui devenu une cabane haut de gamme au cœur des magnifiques Alpes grisonnes.

Berghuus Radons1

«La météo est facétieuse en ce moment: on est fin mai et il a encore neigé la nuit dernière! Mais les clients s’en réjouissent», déclare Fadri Arpagaus (38 ans) à Bolero. Cela fait un peu plus de deux ans que ce sympathique Grison au rire reconnaissable entre mille a repris les rênes du Berghuus Radons. «À l’époque, personne n’aurait imaginé que nous allions faire face à une pandémie et à une crise sanitaire mondiale qui toucherait de plein fouet le secteur de l’hôtellerie-restauration», ajoute-t-il.

Après 40 longues années à la tête de la maison, le précédent propriétaire s’en allait alors pour une retraite bien méritée. Quand Fadri Arpagaus s’attaque au projet, il a des souvenirs d’enfance plein les yeux: «Quand j’étais plus jeune, j’ai passé beaucoup de temps ici parce que j’y travaillais l’été. Le propriétaire avait fait un apprentissage de cuisinier et me racontait toujours des tas d’histoires tout droit sorties des cuisines.» Fadri Arpagaus dit lui devoir sa passion du métier. Lui-même a ensuite effectué sa formation en Engadine, à l’hôtel Waldhaus de Sils-Maria.

Après son apprentissage, le jeune cuisinier a pas mal bourlingué: «J’avais envie de voyager. J’ai habité entre autres à Bangkok, au Canada et à Genève. À la suite de quoi j’ai travaillé pendant dix ans en tant que chef privé pour une famille de milliardaires qui avait des biens immobiliers dans le monde entier.» Une expérience passionnante et enrichissante, selon Fadri. «J’ai découvert d’autres pays, d’autres cultures et d’autres cuisines.»

Pour autant, il a toujours pris plaisir à rentrer chez lui. «J’ai toujours pensé que quand je me poserais, ce serait ici, dans les Grisons.» Et c’est exactement ce qui s’est passé: après Bangkok, New York et bien d’autres villes, c’est désormais perché à 2000 m d’altitude, au Berghuus, que Fadri Arpagaus a élu domicile.

Le chef a fait preuve de courage: tandis que la crise du coronavirus plongeait des milliers de personnes dans le chômage partiel et les pertes en tous genres, Fadri décide de retaper entièrement sa toute nouvelle acquisition. «Je savais dès le départ qu’il faudrait rénover l’endroit.» Le bâtiment date de 1939. En 1983, son prédécesseur avait fait construire une extension destinée au libre-service. L’ensemble était équipé de lits superposés avec WC et douches sur le palier. Un concept complètement passé de mode aux yeux de Fadri Arpagaus, qui veut donc redonner de toute urgence un coup d’éclat au Berghuus.

Et autant dire qu’il est pleinement satisfait du résultat: «Nous avons accompli un travail titanesque et remarquable en un temps record.» Conformément aux aspirations du cuisinier, les matériaux naturels comme la pierre et le bois sont omniprésents. Bon nombre de ces matériaux proviennent de la région, à l’image par exemple de la pierre naturelle du col du Splügen, utilisée pour la fabrication des douches. «Mon objectif était de donner vie à une cabane haut de gamme qui inspire l’authenticité jusque dans les moindres détails, avec des meubles faits main.»

Côté couleurs, le choix s’est porté sur des teintes de terre qui confèrent à l’ambiance une convivialité propice au bien-être. Lové dans l’écrin naturel intact des montagnes grisonnes, le bâtiment historique brille aujourd’hui d’un charme luxueux et invite à la détente.

Il y a certes toujours matière à mieux faire, mais dans un premier temps, Fadri Arpagaus est content: «Nous voulons jouer dans la cour des grands, donc nous n’avons pas fini de nous améliorer.»

Fadri Arpagaus n’aurait jamais pu s’offrir un tel chantier tout seul. «Quand l’architecte m’a présenté le projet et au fur et à mesure que je tournais les pages, la facture augmentait», raconte le chef en riant. Impossible de prendre en charge les frais sans aide.

Aussi Fadri a-t-il embarqué un couple d’amis dans l’aventure, qui a «accordé un prêt sans intérêts à la société Berghuus Gastro AG». Son rêve est ainsi devenu réalité.

Fadri Arpagaus s’est limité à quelques rares changements pendant la première saison d’hiver 2019/2020. Il a en revanche mis cette période à profit pour travailler activement à la planification du chantier avec son équipe: «Nous avons obtenu le permis de construire, et tout le toutim. Quelle énergie il a fallu!»

Les travaux ont commencé vers Pâques l’année dernière, au moment-même où la première vague de la crise sanitaire déferlait sur le pays. «Nous avons tout enlevé. Auparavant, l’établissement était plutôt agencé dans le style d’une cabane du CAS. Le nouvel hôtel a été équipé de jolies chambres doubles, d’un restaurant, d’un salon avec cheminée et d’un sauna.»

Certaines livraisons ont pris du retard en raison de la pandémie et la rénovation s’est achevée dans l’urgence, mais le nouveau Berghuus Radons a pu ouvrir ses portes comme prévu le 19 décembre 2020. «Je n’ai pas arrêté de l’été», concède le chef avec du recul.

Mais il est fier d’avoir osé franchir le cap malgré la crise, et d’avoir ouvert le Berghuus. Pour l’instant, les affaires tournent bien: «Notre taux d’occupation est actuellement très bon. L’hôtel est pratiquement complet tous les week-ends jusqu’en octobre.»

La situation est plus mitigée en ce qui concerne la restauration. Mais Fadri Arpagaus se rassure en se rappelant que grâce à son activité hôtelière, l’établissement s’en sort mieux que beaucoup d’autres.

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